Chronique des Mondes Emergents

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Ce siècle est à la barre et je suis son témoin. Victor Hugo [L'Année terrible (1872)]

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    Lettre ouverte aux instances européennes non élues

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    Messages : 123
    Date d'inscription : 12/05/2014

    Lettre ouverte aux instances européennes non élues Empty Lettre ouverte aux instances européennes non élues

    Message par Admin Lun 9 Juin - 11:51

    #lettreouverte #Europe #2012 #politique #précarité #dépendancesystème #famille #société #argent #mythefondateureuropéen #mondeémergent #réfugié

    Ce 4 septembre 2012



    Mesdames,
    Messieurs,

    Sans aucun esprit de polémique ni de revanche, sans plus l'envie de hurler avec les loups, qui eux aussi vivent en troupeau, sans même un zeste d'envie, j'aimerais rédiger une lettre ouverte à nos dé­cideurs politiques. Il en est de bons, d'honnêtes et de volontaires dans tous les camps. Ce n'est que le projet politique qui fait défaut, à force de se braquer sur l'immédiat des urnes ou les sondages d'opi­nion.



    Lettre ouverte aux instances européennes non élues Is10

    Et avant toutes choses j'aimerais souligner que ce que nous vivons, la société dans laquelle nous nous inscri­vons tous, les révoltes du Sud comme les renoncements du Nord, l'abrutissement médiatique, les parcs à touristes ou au plaisir obligatoire, les besoins élémentaires facturés, les amours tarifés, les suicides planifiés, les antidépresseurs et les drogues de toutes sortes vendues sous le manteau mais taxées au bénéfice de l’État, tout cela est calculé, prévu et... désiré. Non seulement par vous, hommes et femmes de pouvoir, mais également par chacun d'entre-nous, quelque soit notre niveau de dépendance et de participation à ce système.

    Il nous broie et il nous digère. Il distille jusqu'à nos peurs et nos vapeurs, nos doutes et nos fois pour nous les resservir rehaussés du sel de nos fantasmes épurés sur écran plat, petit ou grand, avec une fascination malsaine pour le néant d'un loft ou d'une piscine.
    Se diluer. Dans l'espace et l'espoir. L'es­poir ! Son souffle chaud vient du Sud réveiller les dortoirs de l'Europe. De l'Afrique, que l'on croyait à genoux, s'élèvent des chants de révolte et de dignité. Ils nous réinventeraient le nom d'homme ! Des grappes de résilience, des poches de résistance montent leurs tentes, sortent leurs discours un peu partout en Europe. « Indignez-vous ! » devient un mot d'ordre que n'entendent pas encore les victuailles sur canapé greffées à leur écran, de télévision ou d'ordinateur.

    Big Brother est devenu un jeu aseptisé où jamais il ne se passe rien. Beaucoup hurleraient à l'émeute si on leur demandait quoi que ce soit sur leur vie privée, mais les mêmes n'hésitent pas à éclabousser les réseaux sociaux virtuels des moindres détails de leur pâle quotidien. Que des outils fantastiques leur soient fournis, ils en font les caniveaux sordides de leur suffisance. Jamais le monde n'a été aussi facile à découvrir, jamais l'accès aux cultures même les plus loin­taines, les plus diverses n'ont été à la portée de tout un chacun. Même les richesses des musées ou des bibliothèques, les bruissements de la rue, les secrets les mieux préservés comme les cris des ré­voltes n'ont été approchées d'aussi près. Mais que l'on vienne leur demander l'heure pendant qu'ils tchatchent avec un inconnu sous pseudonyme à l'autre bout du monde, et ils se crispent, s'éviscèrent en injures.
    Même les loups vivent en troupeau, pourvu qu'il n'y en ait jamais qu'un qui réfléchisse, que les autres suivent.

    Les parents ont démissionné et se contorsionnent tragiques l'agenda pour passer un peu de temps avec leurs enfants. Leurs enfants! Rois d'un royaume invisible, tyrans domestiques et capricieux, ils incendient leur jeunesse à coups de clopes ou de Kalachnikovs. Bercés par des feuilletons où s'étalent dépravations, sang et cruautés diverses, ils transforment leur bac à sable en tranchées, tranchées les carotides et les illusions du lendemain meilleur. L'espérance est une fleur rare qui ne s'enracine pas dans les banlieues ou les couches populaires.

    L'amour est un dérivé du sexe et le sexe la prise de pouvoir sur l'autre. Les anciens repères, policiers ou hommes d'église, sont tombés. Le bénitier s'est déversé dans les berceaux. La psychanalyse a désenchanté ce qu'il restait de fées et d'imagination, d'amitié et d'amour. La maladie, la vieillesse et la mort se cachent sous les fards, l'intelligence est une tare, la créativité un fléau. Les icônes à la mode sont des resucées de troisième génération. Mais jamais les gens n'ont autant dépensé pour leurs loisirs, s'endettant toute l'année pour 15 jours entassés au milieu des mol­lusques et de leurs congénères. Ils n'ont pas de quoi se payer le médecin mais pour rien au monde ils ne manqueraient leur match de foot, leurs soldes ou la sortie de leur X-Box. Hachées menues, leurs suppositions sont devenues suppositoires et on vous les rentre dans le crâne à grands coups de messes médias. Les vestales du porno ont remplacé la messe, le GSM est le dernier maillon de leur chaîne invisible. Ils sont joignables partout et en tout temps, mais pour rien au monde ne souhaite­raient s'en délivrer. Dans ce nouveau Moyen-Âge, tout est moyen justement, et rien ne doit dépas­ser, faire tache, dévier. La spontanéité se fait spongieuse sous le soleil de leur vanité.

    Le pire est devenu banal, la lâcheté un mode de vie raisonnable. Et la haine se dilue dans les pro­grammes politiques ou dans les matchs de foot.
    Tout schéma de pensée idéologique, religieux, social, politique, économique, scientifique... reposant sur l'exclusion est à laisser derrière soi comme une peau morte. Mais je ne rejette pas une religion, un courant de pensée simplement sur la base d'une petite fraction de celle-ci.

    Les peuples s'écrasent sur des murailles de papier, aux portes hermétiques d'un continent inconti­nent, qui n'en finit pas de sabrer ses victoires à petits coups de médicaments surtaxés. La médecine pour tous n'est qu'un épouvantail qui n'effraye même plus les moineaux cacochymes perdus dans nos campagnes. L'agriculture est devenue champ de ruines. Les peuples affamés, vidés de toute res­sources, jetés à la poubelle ou à la rue, sont privés des surplus alimentaires stockés dans les hangars gavés d'une Europe hallucinée. L'eau même est devenu un trésor, et enjeu de guerres que l'on tait. Nos assiettes sont champs de bataille biologiques où s'affrontent des sociétés inhumaines, dénatu­rant le moindre de nos aliments. Nos vaches deviennent carnivores et meurent par milliers, nos cé­réales et nos légumes doivent plus à l'éprouvette qu'au sillon dans lequel ne s'écoule plus aucun sang même contaminé.

    Le sang est le meilleur liant d'un peuple.
    Succursale bradée des États-Unis, l'Europe paie cher son ignorance. Gavée d'avidité, elle a offert à ses entreprises un territoire immense à conquérir, et à ses peuples la soumission. Bercée de rêves de conquêtes et de gloires, elle a troqué sa sagesse et son sa­voir prodigieux contre des brassées de monnaies, elle a avalé ses voisins, uniformisé ses campagnes et ses territoires. Elle a banni toute humanité au profit de ses entreprises, distillé ses forces vives au tamis de sa sélection artificielle d'une élite repue sur les charniers des populations tombant dans la précarité ou l'exil. Elle s'écroule, étonnée, dans le vide immense de ses conquêtes déshumanisées. Elle se croyait puissante, je la croyais puissante, et grande, et belle. Elle n'est que creuse. Le sang de l'Europe, ce n'est pas sa population, c'est sa monnaie. Et pour sa parfaite harmonie, il fallait déshumaniser ses peuples. Ses forces vives ne l'étaient qu'à condition de se repaître des autres, ses moutons aussi sont devenus charognards. Son histoire est une défaite. Sa monnaie n'a jamais pu remplacer le sang de ses nations, ses rêves n'ont jamais fait bander que des banquiers. Son hymne est un cri d'agonie.

    Pourtant après avoir mué l'ensemble du monde, et de notre civilisation, par l'informatique et le par­tage global du savoir global, après une révolution scientifique sans pareille avec les nanomachines, d'autres portes s'ouvrent sur d'autres horizons. Certains parmi les plus grands empereurs écono­miques ou médiatiques s'engagent à changer le monde à nouveau : ils distribuent la moitié de leur fortune à combattre les maladies, dont la pauvreté, à recréer la beauté, à rassembler les semences du passé pour régénérer le futur, à empêcher les mémoires de se fermer sur l'horreur absolue, à préser­ver du monde ce qui peut l'être encore. Ils sont pour la plupart américains et ont noms Spielberg, Gates, Turner...
    Chaque être humain est une porte.

    D'autres voies sont déjà tracées, vers des biens durables, à ambition éthique, des politiques et des méthodes de gestion plus en accord avec le milieu. Nous sommes le bourreau de la nature, mais c'est elle qui nous juge. L'homme aurait-il enfin compris qu'au lieu de combattre et de soumettre la nature, sa nature, il doit se développer en harmonie avec elle ? Et ne pas nager à contre-courant sous risque de s'épuiser pour rien. La civi­lisation dans son ensemble tremble pour l'après-pétrole, pourtant le pétrole artificiel, bleu, existe déjà, des moteurs à CO2 fonctionnent, les ressources énergétiques se font propres, dé polluantes et pullulent sous nos pieds ou autour de nous.

    Pourtant je doute que nous ayons acquis la belle maturité de nos frères africains. Des têtes tombe­ront, on changera les fauteuils, enfin les reliures et les coussins, mais les peuples retourneront à la poussière de l'histoire.
    Ou pas. Cela dépend plus de nous que de vous, Mesdames et Messieurs responsables politiques. Responsables oui, terriblement. L’Europe doit devenir celle de ses Nations, plus que de ses actionnaires. L'économie doit redevenir réelle, et non prospérer dans les territoires insensés d'une bulle virtuelle qui étouffe ses populations. La Grèce signe la faillite économique de l'Europe, la Belgique en sonne le glas politique.

    Mais les nations, les flots des réfugiés climatiques et économiques ?
    Mais l'Occident, écrasé sous le poids mort de l'empire américain, lui-même effondré sous sa dette et son rêve de conquête sans limite, se partagera les restes de la fête : l'Europe terre brûlée, saignée, dépecée, mis à sac et en petits sachets. Pourtant le monde a déjà changé de face : l'Afrique du Sud, le Brésil, l'Inde et la Chine assisteront au réveil de la Russie jetant aux fers près de 400 ans de domination et de colonisation occidentales. Les anciennes nations esclaves sauront-elles montrer une dignité que l'homme blanc a été incapable d'afficher ?
    Les routes de l'exil cheminent également dans le sens inverse. Et les fleuves humains remonteront à leurs sources. Ou périront.

    Et, là aussi, votre responsabilité, collective, mais aussi individuelle, est immense! Vous avez perdu toute crédibilité. La base du système, de tout système, est la confiance. Or, il n'y a plus de confiance. Donc le système est mort. Reste l'illusion du système...

      La date/heure actuelle est Lun 20 Mai - 6:41