Chronique des Mondes Emergents

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Ce siècle est à la barre et je suis son témoin. Victor Hugo [L'Année terrible (1872)]

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    Lettre ouverte au monde politique belge

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    Messages : 123
    Date d'inscription : 12/05/2014

    Lettre ouverte au monde politique belge Empty Lettre ouverte au monde politique belge

    Message par Admin Lun 9 Juin - 11:31

    #2011 #Belgique #précarité #pauvreté #responsabilitépolitique #politique #médiationdette #mémorandumpauvreté #Liège #surendettement #règlementcollectifdettes #Europe #lettreouverte

    Ce 6 novembre 2011

    Mesdames,
    Messieurs,
    1 Nation, 2 siècles (et des poussières) d'histoire, 3 langues nationales, 4 communautés linguistiques, 5 gouvernements. La capitale européenne, le GQG de l'OTAN, la capitale mondiale du diamant, le troisième port maritime du monde, le troisième port fluvial d'Europe...

    Lettre ouverte au monde politique belge Cyber_12

    Le dernier mémorandum sur la pauvreté en Belgique est alarmant, j'en cite l'annexe « Aperçu statistique sur l’état de la précarité et de la pauvreté à Liège1 »:
    «  3.6. Le surendettement
    « C’est sûrement l’effet d’une certaine paupérisation de la population liégeoise qui provoque une augmentation vertigineuse des situations de surendettement.
    «  En 2009, le Tribunal du Travail a enregistré 1.487 nouveaux dossiers de règlement collectifs de dettes, soit 120 nouveaux cas par mois. À cela, il faut ajouter 334 nouveaux dossiers en médiation de dettes introduits par le CPAS de Liège, chiffre qui ne cesse d’augmenter, passant de 261 en 2007 à 280 en 2008.
    « Parmi ces dossiers de surendettement :
    « - 23 % des dossiers concernent des familles ;
    « - 65 % des personnes suivies en médiation de dettes sont sans emploi contre 26,5 % de salarié et 7,9 % de retraités.
    « Selon la Présidente de ce même Tribunal, « il ne s’agit pas de dettes liées à des dépenses de luxe, de vacances ou du superflu. Au contraire : de plus en plus de familles n’arrivent plus à payer leurs factures courantes pour l’électricité,l’eau, le chauffage, le loyer, ou même à faire leurs courses sans avoir recours au crédit »
    Le document conclut : « Tous ces indicateurs, à quelques rares exceptions, connaissent la même courbe ascendante depuis 5 ans à Liège. Toutes ces données prouvent, si besoin en est, que les situations de précarité et de pauvreté ne cessent d’augmenter dans notre pays et plus particulièrement à Liège. D’où la volonté du pouvoir politique, en cette année européenne de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale, d’élaborer un plan ambitieux pour lutter concrètement contre le phénomène de pauvreté sur le territoire communal. »

    Nous sommes donc en plein cauchemar : votre réponse politique allait être « ambitieuse. » Vous aviez à coeur de régler au plus vite, et de manière à la fois digne et durable, cette crise, certes mondiale mais aux effets locaux. Vous étiez sur la brèche, enfin... vous le disiez.

    Et pendant ce temps-là, le gouvernement fédéral, qui est la clef de voûte de l'édifice État belge, a mis plus de 500 jours pour ne pas régler des problèmes communautaires, qui nous exploseront bientôt à la figure à nouveau. Votre seule certitude était que le Belge, qui n'est en rien responsable, devra payer. Et lui seul : pas les responsables, pas les industriels, pas les financiers et peu les politiques. Votre seul credo était la formation d'un gouvernement pour un pays mis à terre.
    Vous avez repris les mêmes, presque tous des « enfants de » : Onkelinx, de Croo, Michel, Lutgen, Tobback, Wathelet etc, fait un lifting national, et poursuivez tranquillement la même politique de la même manière. Ce qui vous a permis, à entendre François Perin, de récupérer des salaires ministériels, d'engager des secrétaires et des assistants, de gagner du temps et de ne donner de réponse ni à la crise ni aux dossiers que vous vous étiez donnés comme objectifs de finaliser.

    Et cela, donc, au plus grand mépris des problèmes concrets de notre population.
    Problèmes de santé, d'enseignement, de pouvoir d'achat, de logement, de travail, et de sens à la vie. Problèmes politiques aussi : l'une de vos réponses était le déni aux citoyens du Brabant d'assister au règlement judiciaire de leur litige dans leur langue. De même, trois bourgmestres, démocratiquement élus mais qui par arbitraire linguistique s'étaient vus dans l'impossibilité d'assumer leurs mandats, passaient à la trappe, flouant ainsi le principe même de la démocratie. Peu importe le parti, l'important est que même avec l'appui de l'Europe, le choix des électeurs n'avait aucun poids.
    Une autre certitude : chaque jour est de pire en pire, mais le suivant le sera davantage. À tous points de vue : avant Charleroi, le bassin sidérurgique liégeois est jeté à l’égout par une société à qui les mêmes politiques ont octroyé des droits de pollution, des aides énormes, un soutien sous divers avantages dont ne payer que €500 d'impôt en 2009. Le bourgmestre Mathot, fils de Guy Mathot, parle à terme de 10,000 foyers pulvérisés. On s'en émeut et on s'étonne. Pourtant, depuis des années, les signes avant-coureurs étaient clairs. Et pendant ce temps-là, Dehaene trouvait prétexte d'une « crise imprévisible » pour justifier la faillite de Dexia. Que vous alliez abreuver de milliards.

    Mais les temps sont à la fête. Jamais il n'y a eu autant de millionnaires en Belgique, jamais les gens n'ont autant dépensé pour leurs loisirs, pour les voyages, les jeux informatiques ou les concerts. Ja­mais les peuples n'ont autant payé pour s'enivrer, oublier.

    Dans le même temps, comme partout ailleurs, on s'acharne à rabaisser le chômeur, qui devient au corps social ce que la litière usagée est au chat, parce qu'il coûte bien trop cher, mais alors même qu'il fait vivre combien de fonctionnaires, politiciens ou syndicats, les organismes de formations ou de soutien à l'emploi, les salons et expos, les sociétés intérimaires, cabinets de recrutements... Si le chômage coûte cher, le chômeur n'en est pas responsable mais au contraire le chômeur fait vivre, et bien vivre, des pans entiers de l'économie. Et procure un défouloir tout trouvé et sans défense.

    Dites-moi, Mesdames et Messieurs les politiques, quelle est la part du marché réel de l'emploi en Belgique? Combien un chômeur RAPPORTE-t-il?

    Pourtant, en soi, l'argent n'est ni bien ni mal, ce n'est qu'une valeur qui repose sur le principe de confiance. Sans confiance, le système ne fonctionne pas. Or, il n'y a plus de confiance. La question est: remplacer l'argent ou le système d'échanges? Remplacer l'argent pour le remplacer par autre chose ne sert à rien. Remplacer le système d'échanges alors? Par quoi, les SELS, les donneries, le troc...? À réfléchir. Ou, oui, repenser fondamentalement la (re)distribution des richesses, et pas seulement matérielles.
    L'un des problèmes, me semble-t-il, est que l'on est passé d'une société de créateurs (artistiques, entrepreneurs...) à une société de gestionnaires et d'avocats. On ne crée plus (jamais il n'y a eu tant de faillites et de suicides) on gère la boutique de nos anciens... et souvent on la gère ailleurs...

    Et pendant ce temps, un homme a été élu avec pour seul programme la mise à mort du pays. On l'admire, il est devenu l'égal des plus grandes stars internationales. On se bouscule pour lui demander son autographe. Peu importe s'il travestit l'histoire en midinette sur talon aiguille. Peu importent les mensonges et la lâche­té complice des autres partis. Peu importent ces foules hésitantes et ces étonnés sur commande. Le pays à l'agonie est déjà la proie des charognards, politiques ou autres agences de notation, ces papys tranquilles qui s'amusent à la Bourse. Le roi se fâche, il empêche son gamin de se promener au Parc lors de la grande fête nationale, d'une nation exsangue de tant d'absurdités et de trahisons. Qu'il tourne en rond dans son château ! L'armée défile sous les acclamations, la fête est grandiose, les té­lévisions se vautrent dans l'ivresse générale. Mais rien ne fait oublier ces frissons mal venus : ce qu'on nous donne à voir n'est que le chant du cygne. Qu'avez-vous fait de notre pays ? Qu'avez-vous fait de nous ?

    Et pourquoi l'avons-nous tant désiré ?
    La Belgique souffre, c'est qu'elle n'est pas encore tout à fait morte. Elle est à terre, oui, et piétinée par ceux qui ont fait serment de lui rendre beauté et éclat. Pour tous. Mais il y a longtemps que cha­cun a oublié ce détail.

    Dépecée, écartelée, elle hurle et déverse ses populations dans les artères commerçantes de ses villes. Mais le peuple assoupi se fait absent. Il écoutera, s'il a le temps, le compte-rendu dans les médias. Le fléau de la misère l'a rendu sourd aux beautés, stressé, pressé, broyé par l'horloge et la pointeuse. Prédigéré, il vocifère sur ceux qui se lamentent aux portes du tombeau, ces crèves-la-faim crèvent là de désespoir, désargentés. Sans rien d'autre à monnayer que leur ennui. Ces chômeurs qui mendient leur vie, s’essuient avec une dignité perdue depuis longtemps. Ce sont eux les nouveaux pestiférés. Les vec­teurs de la contagion urbaine. Le sang, leur sang s'assèche. Ils ont perdu tout sens, tout repère. Ils sont coupables d'être exclus. Parfois des frissons les parcourent, nulle fièvre cependant, simplement un reliquat désuet. Un souvenir d'exister. Un reste d'humanité.

    Mais si la Belgique se disloque pour mieux se vendre, quel sera l'avenir de l'Europe ? Toutes les ré­gions, tous les Länders, tous les comtés, de Bretagne en Catalogne, de Corse en Écosse, ne réclameront-elles pas leur indépendance ? Leur portion de ciel même vicié, même sérié ?

    La vermine grouille sur le cadavre chaud d'une Belgique sous perfusion électorale et de discours in­habités. Mais Bruxelles tremble, sous son manteau d’indifférence. La capitale de l'Europe est assié­gée. Les peuples se cognent la tête aux fenêtres. Ils n'entreront pas ! Les marchands du temple vendent la marchandise, dont leurs semblables, avant même qu'elle ne soit manufacturée. Les populations sont objets de consommations, les nations, vi­dées de leur âme, deviennent enjeux de transactions, au même titre qu'un frigo, un urinoir, ou une école.

    Tout cela fait fin de race, pas de trace. Chacun rentre chez soi, dans ses cartons ou ses illusions.

    Et pendant ce temps, vous, hommes et femmes de pouvoir, nos décideurs politiques, jaugez et jugez l'inertie sociale, juchés sur vos statistiques depuis le balcon où ne passent plus les cons. Les derniers lampions de vos fêtes peinent à mourir. Au pas cadencés de vos commémorations, vous laissez pié­tiner un pays à terre. Mais la musique a déserté. Vos comptables chiffrent nos souffrances et taxent nos espoirs, vos avocats défendent l'indéfendable du moment qu'il puisse se vendre, et bien, et vos fonctionnaires édictent des lois pour calibrer le néant, le figé et l'insondable connerie qui se tapit derrière tout ça. Tout cela fait fin de race, oui, mais qui s'en soucie ?

    Et lorsque après combien de déceptions, et de farandoles au parc, la population râle, légitimement, puisque elle revendique que vous tous jouiez votre rôle, pour lequel vous avez été élus et êtes grassement rémunérés, au lieu de dresser des barricades ou des anathèmes, "on" la traite de populiste et "on" confond son impatience légitime avec de l'énervement. Or si elle réagit avec calme c'est par amour de la Nation pour son pays. Car, oui, TOUS les partis portent une très grande responsabilité dans l'abandon des besoins réels de la population vivant en Belgique, et à l'avenir plus qu'incertain de notre pays.

    Peu importe que nous marchions, en rangs serrés, vers l'échafaud. Du moment que nous y allions ensemble, et en ordre. Plus de spontanéité, plus d'élan créateur, rien que des avocats et des fonctionnaires, des commerçants et un troupeau avide de soumission.

    Il y a, Mesdames et Messieurs nos responsables politiques, au moins deux conclusions à tirer de la Belgique, laboratoire politique.
    La première est que plus de 500 jours sans gouvernement prouvent que le pays a plus besoin d'une Nation que d'un état, même fédéré, et que le vrai pouvoir est entre les mains des entreprises et non dans celles des politiciens. Est-ce pour cela que toute création d'activité est étouffée sous votre paperasse ?
    La seconde est que si la Grèce signe la faillite économique de l'Europe, la Belgique en sonne le glas politique.

    Et, là aussi, votre responsabilité, collective, mais aussi individuelle, est immense! Vous avez perdu toute crédibilité. La base du système, de tout système est la confiance. Or, il n'y a plus de confiance. Donc le système est mort. Reste l'illusion du système...





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