Un monde d'ordures, de nouvelles solutions

Découverte en 1997 par le capitaine Charles Moore la plus célèbre de ces îles artificielles, surnom­mée le « Septième Continent, » atteint 22 200 km de circonférence pour une surface approximative de 3,4 millions de km² (six fois la France) dans le Pacifique, entre la Californie et Hawaï. Ce « Continent de l'incontinence » commerciale absurde est en réalité le centre du gyre subtropical du Pacifique Nord. Les 6,4 millions de tonnes de déchets déversés dans les océans chaque annéeⁱ s'y rassemblent sous les effets conjugués d'un gigantesque tourbillon d'eau, le gyre, formé d'un en­semble de courants marins provoqué par la force de Coriolis (inertie) et encouragés par la timidité des vents. La vie microbienne y reprend ses droits, colonisant les monceaux de plastique et d'or­dures. Infiniment lent à se dégrader, s'ils peuvent procurer des abris pour certaines espèces, ils n'en restent pas moins ingérés, du fait même de leur lente décomposition, par foule d'espèces vivantes, animales et végétales, sous-marines ou volatiles.

Via le projet Argonautica, le CNES s’est impliqué le 20 mai 2013 dans l’expédition « 7ème ⁱⁱ contin­ent » dirigée sur le terrain par Patrick Deixonne. D'autres expéditions l'ont précédée Algalita, Project Kaisei, ou Tara. L'enjeu est de taille et les informations microscopiques : les océans, aidés par le plancton et d’autres micro-organismes, permettent par leur activité photosynthé­tique d’absorber plus de la moitié du CO2 produit sur Terre. Ce gaz est le principal gaz à effet de serre et donc source du réchauffement climatique planétaire.
La page web du projetⁱⁱⁱ  nous expose ses finalités pédagogiques : « Argonautica est un projet utili­sant des données spatiales de localisation Argos et océanographiques (JASON...). Ce projet est réa­lisé en partenariat avec des scientifiques et des professionnels de la mer.
Argonautica s'adresse aux classes du premier et second degré et se décline en trois volets :
ArgoNimaux : suivre les migrations d' animaux marins équipés de balises Argos,  mettre en évidence l'impact des variations climatiques sur leur trajet
ArgoTechno : construire des bouées expérimentales  
ArgOcéan :  suivre, par satellite, des bouées expérimentales pour comprendre la circula­tion océanique, les liens océans-climat-environnement »

LA MER ET LES OCÉANS SONT, ET SERONT DE PLUS EN PLUS, LES NOUVELLES CONQUÊTES INDUSTRIELLES DE L'HUMANITÉ
Transport maritime, production d'énergie en mer, tourisme, pêche, habitat etc constituent autant de chances et d'opportunités de développement, de formations, de connaissances et d'emplois mais également la première menace sur le biotope marin.
Joe Borg, membre de la Commission chargé de la pêche et des affaires maritimes: « En lançant en 2007 la politique maritime intégrée pour l’Union européenne, la Commission européenne a déclaré que les sciences, les technologies et la recherche marines sont essentielles au développement du­rable des activités liées à la mer. Dans cette logique, la Commission s'est engagée à créer un socle de connaissances et d'innovation pour la politique maritime et elle a adopté la toute première stra­tégie européenne de recherche marine et maritime. L'appel à propositions "L'océan de demain" constitue l'un des effets concrets les plus attendus de cette orientation.»
La Commission européenne a donc lancé le 30 juillet 2009 un appel à propositions dans le domaine de la recherche multidisciplinaire afin de concilier les activités maritimes avec la préservation des mers et des océans.



Janez Potocnik, Commissaire européen chargé de la science et de la recherche, présente ce projet^iv chiffré à 34 millions d’euros: « Les activités maritimes de l’homme ont des répercussions sur la vie marine au fond des océans, et réciproquement. Nous souhaitons encourager les scientifiques spé­cialistes de la mer, les océanographes et les chercheurs dans différents domaines maritimes, tels que le transport et l’énergie, à travailler ensemble afin de mieux comprendre les interactions entre les écosystèmes marins et les activités maritimes. L'appel à propositions "L'océan de demain" va nous aider à concilier des objectifs qui pourraient sembler conflictuels, tels que la croissance éco­nomique durable et la préservation de nos mers et de nos océans ».
Par ordre d'importance, les projets sont financés selon plusieurs thèmes :
environnement (10,5 millions d'euros)
alimentation, agriculture, pêche et biotechnologies (9 millions d'euros),-
transport (7,5 millions d'euros)
énergie (6 millions d'euros)
sciences socio-économiques et humaines (1 million d'euros).
Et s'articulent autour de trois axes :
impact de l’homme et de la nature sur la vie marine et répercussions économiques (12,5 mil­lions d’euros)
conséquences de l’évolution des conditions climatiques dans l’Arctique du point de vue éco­nomique et environnemental (11 millions d’euros)
répercussions de la capture du carbone dans le sous-sol marin sur les écosystèmes (10,5 mil­lions d’euros)

«Les océans sont le dernier endroit libre de la planète.» Paul Watson.

ⁱ « Marine Litter Distribution and Density in European Seas, from the Shelves to Deep Basins »
Christopher K. Pham mail, Eva Ramirez-Llodra, Claudia H. S. Alt, Teresa Amaro, Melanie Bergmann, Miquel Canals, Joan B. Company,, Jaime Davies, Gerard Duineveld, François Galgani, Kerry L. Howell, Veerle A. I. Huvenne, Eduardo Isidro, Paul A. Tyler, 30 avril 2014, http://www.plosone.org/article/info%3Adoi%2F10.1371%2Fjournal.pone.0095839
ⁱⁱ Le CNES embarque pour le 7ème continent 17/05/2013  http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/9989-em-le-cnes-embarque-pour-le-septieme-continent.php
ⁱⁱⁱ http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/7161-argonautica.php
^iv , www.techno-science.net Europa, Isabelle 10 Août 2009