Chronique des Mondes Emergents

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Ce siècle est à la barre et je suis son témoin. Victor Hugo [L'Année terrible (1872)]

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    Chronique d’une exclusion programmée pour 87.OOO jeunes en allocation d’insertion :

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    Chronique d’une exclusion programmée pour 87.OOO jeunes en allocation d’insertion :  Empty Chronique d’une exclusion programmée pour 87.OOO jeunes en allocation d’insertion :

    Message par Admin Mer 4 Juin - 11:56

    Pedro Rodriguez Responsable National des travailleurs Sans Emploi de la CSC
    Réaction des Travailleurs Sans Emploi de la CSC au rapport d’activités 2012 de l’Onem sur l’activation.


    Chronique d’une exclusion programmée pour 87.OOO jeunes en allocation d’insertion :  Logots10

    47.000 jeunes exclus via la new dispo + 40.0OO exclus via la limitation de leurs allocations dans le temps = deux mesures qui s’attaquent aux chômeurs sans s’attaquer au chômage.
    La new dispo pour les demandeurs d’emploi en allocation d’insertion risque d’effacer de la « carte » 47.000 demandeurs d’emploi en allocation d’insertion. En effet cette new dispo est un durcissement de l’activation dans le sens où elle prévoit une suppression des allocations de chômage pour au minimum 6 mois dès le 1er entretien. Le nouveau rapport d’activités de l’Onem précise que le taux d’entretiens négatifs au 1er entretien est de 47% en 2012. Il mentionne aussi que 94.172 demandeurs d’emploi en allocation d’insertion rentrent dès à présent dans cette nouvelle procédure. A cette perspective d’hécatombe sociale, il faut ajouter l’exclusion de 40.000 demandeurs d’emploi via la limitation des allocations d’insertion à partir du 1er janvier 2015. Selon nos estimations, ces exclusions concerneront 42.000 wallons et 14.000 Bruxellois. Il faudrait ajouter pour être complet les exclusions liées à la « dispo passive » et celles liées au projet d’évaluation durant le stage d’insertion(…).

    L’activation évalue les « chômeurs », mais qui évalue l’activation ?
    Ce rapport comporte beaucoup de chiffres qui soulèvent beaucoup de questions. On y
    découvre à titre indicatif, que 824.148 demandeurs d’emploi ont été vus en entretien dispo. C’est beaucoup effectivement d’un point de vue quantitatif. Mais nous demandons en quoi cela a apporté un plus au niveau d’une sortie positive vers l’emploi ?
    En quoi cela a favorisé la participation des demandeurs d’emploi et leur émancipation ?
    En quoi ces 824.148 entretiens ont permis de tirer des enseignements sur les difficultés que vivent les demandeurs d’emploi à s’insérer, à vivre dignement, à se sentir jugés, stigmatisés ou discriminés ?
    En quoi fondamentalement ces 824.148 entretiens sont une source de renseignements pour évaluer le dispositif qui les évalue, pour mesurer l’efficacité des aides à l’emploi, identifier les obstacles rencontrés dans cette remise à l’emploi tant désirée de tous ?
    Il serait indispensable pour les TSE que ces enseignements puissent faire partie d’un rapport d’activités digne de ce nom.
    Un rapport qui oublie les 1ers concernés (sauf en tant que statistiques)


    Les travailleurs Sans Emploi proposent que l’activation soit évaluée par les 1ers
    concernés, les demandeurs d’emploi qui ont fait l’objet de ces 824.148 entretiens.
    La ministre de l’emploi disait ce mardi 4 mars sur la première, qu’elle voulait avant tout que les demandeurs d’emploi « S’EMANCIPENT » et « QU’ILS PRENNENT DU POUVOIR SUR LEUR VIE ». Il serait dès lors opportun de les considérer comme des acteurs plutôt que comme des suspects. Les demandeurs d’emploi demandent qu’un audit de l’activation soit organisé par et avec les premiers concernés, demandeurs d’emploi. On ne trouve pas trace dans ce rapport des problèmes identifiés par les acteurs de terrain de notre organisation : Le manque d’empathie et le manque d’emplois adaptés

    Quelle est l’influence réelle de l’activation, des exclusions sur le chômage ?
    Comment se traduit cette influence soit disant « positive » selon le rapport, dans les régions durement touchées par le chômage comme Charleroi, Liège, Mons, Bruxelles (…)? Plus de 1OO.OOO suspensions/sanctions/exclusions cumulées sur la dispo active depuis son lancement d’une part et, rien que pour 2012, les sanctions liées aux flux d’information entre le Forem-Actiris-Vdab : 29.051 sanctions dont 19.799 radiations. Que deviennent ces personnes qui sortent des statistiques ???

    « Est-ce que l’Onem a un objectif de transfert vers le CPAS ou de promotion du travail non-déclaré ??
    C’est une question déjà posée en 2012 par les TSE quand ils analysent les chiffres de l’Onem. En effet, 29% du groupe concerné par une évaluation négative au 3ème entretien en 2O11 se retrouvait au CPAS. Près d’une sanction sur deux (45,10%) au 3ième entretien (45,1O %) engendrait une disparation des personnes des bases de données sociales (Onss, aide sociale). Ces personnes se retrouvent sans la perception d'un revenu de remplacement ou d'un revenu d'intégration sociale. Peut-être qu'une partie se retourne sur la solidarité familiale ou accepte une activité rémunérée non déclarée pour continuer à survivre. Le transfert vers le CPAS, le travail au noir, la solidarité familiale,… sont les conséquences principales du système d’activation.

    Un rapport d’activités qui passe à côté des vrais enjeux
    Le rapport passe à côté des vrais enjeux. Pour les Travailleurs sans Emploi ce rapport d’activités occulte les vrais problèmes du chômage. Il entretient le mythe du chômeur qui se complait dans sa situation. Pour les TSE, il faut revoir la conception du rapport d’activités et celle de l’activation en redonnant une place centrale au demandeur d’emploi. Pas en tant que suspect mais en tant qu’acteur.

    C’est l’emploi qui est indisponible par les demandeurs d’emploi !
    N’est-il pas indécent compte tenu des pertes d’emplois dramatiques et massives qui
    s’accumulent, de devoir rappeler que c’est l’emploi qui est indisponible, pas les demandeurs d’emploi. Faut-il aussi rappeler qu’il y a une offre d’emploi du Forem ou d’Actiris pour 30 à 50 demandeurs d’emploi selon les régions. 216.149 demandeurs d’emploi sont entre le 2ième et le 6ième cycle dispo. On va pourtant durcir les peines avec la dégressivité accrue, la limitation des allocations d’insertion dans le temps, le durcissement de l’activation et des sanctions.


    L’élargissement de l’activation se fait sans véritable évaluation participative et
    qualitative du système. Un comble !

    Les TSE dénoncent par ailleurs un élargissement du public qui se fait de manière improvisée et précipitée par rapport au projet d’accord de coopération et à la nécessité de construire un accompagnement adapté. Nous le dénonçons particulièrement à propos des demandeurs d’emploi qui ont entre 33% et 65% d’incapacité.

    L’élargissement de l’activation se fait en ignorant la crise et les choix politiques de diminution des opportunités d’emploi.
    Cette rigidité aveugle doit aussi faire l’objet d’une remise en question du processus d’activation. L’activation accrue est aussi en contradiction avec la réduction des opportunités d’emploi décidées par le gouvernement : mesures crédit-temps, prépension, heures sup, non remplacement dans la fonction publique, effets d’aubaine maintenus dans les aides à l’emploi,…

    Un moratoire des mesures et un audit de l’activation s’imposent!
    Compte tenu de ce qui précède, nous demandons un moratoire sur la dégressivité accrue, la limitation des allocations d’insertion sur les 216.149 demandeurs d’emploi qui sont entre le 2ième cycle et le 6ième cycle de la dispo. Ces 216.149 sont la preuve vivante que c’est l’emploi qui est indisponible pas les demandeurs d’emploi. C’est sur base de ces constats qu’il faut faire un audit du modèle. Les TSE de la CSC rappellent à ce sujet leurs 20 propositions pour plus d’emplois convenables et un accompagnement convenable.

    Cette obstination aveugle à s’enliser dans l’activation du demandeur d’emploi produit des situations de chasse aux chômeurs. Les Travailleurs Sans Emploi mènent campagne contre les préjugés car nous ressentons de plus en plus un climat stigmatisant qui légitime des politiques qui s’attaquent aux chômeurs sans s’attaquer au chômage.

      La date/heure actuelle est Lun 20 Mai - 3:40