Chronique des Mondes Emergents

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Chronique des Mondes Emergents

Ce siècle est à la barre et je suis son témoin. Victor Hugo [L'Année terrible (1872)]

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    (R)évolution?

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    Messages : 123
    Date d'inscription : 12/05/2014

    (R)évolution? Empty (R)évolution?

    Message par Admin Jeu 12 Juin - 19:20

    Le problème de notre espèce est son évolution.
    L'évolution est-elle un problème? Non, c'est sa solution.
    Mais alors?...


    (R)évolution? Revolu10
    (Crédit photo: www.channelcast.tv)

    Animal marin, il a perdu son environnement primordial, ce que l'on appelle aujourd'hui "écosphère" ou "biotope". Mais il en a gardé la nostalgie et combien plus encore en se développant toujours au sein du ventre maternel, entouré de liquide amniotique. Comme son eau originelle. Mais il perd aussi très rapidement ce nouvel environnement. Pas de chance, deux environnements, deux fois perdus.

    Pour se développer, il est devenu chasseur. Donc prédateur.

    Puis, avec l'intelligence, il est devenu fainéant.
    Il s'est fait cueilleur puis agriculteur. Et il a créé la révolution agricole!
    C'est tout un boulot, ça, la révolution agricole!
    Alors il a imaginé des machines pour faire le boulot à sa place. Il a testé ses trouvailles en élaborant un système qu'il a nommé esclavage. Mais il lui fallait une excuse, ce fut "la civilisation" : on va aller civiliser ceux qui ne le sont pas. Tout autre étant par nature barbare. Pour excuser son excuse, il lui fallait trouver une cause, une juste cause comme on dit encore aujourd'hui : ce fut souvent la religion. Mais comme il aimait aussi les jeux de l'amour, il se multipliait "sans effort". D'ailleurs, dans la Bible, il est stipulé qu'il doit croître et multiplier...

    Oui mais...
    Devenu agriculteur, il est devenu sédentaire. Mais comment protéger ses biens matériels? Il a donc inventé les murs. Ceux qu'il met autour de ses terres, ceux qu'il met autour de ses idées.
    Il a inventé les tabous, ah c'est bien ça le "tabou" : comme il ne voulait pas perdre sa richesse en étant volé, il a inventé le concept de justice. D'abord celle du dieu qui voit tout, qui sait tout et qui le met à l'épreuve. C'est un malin, dieu : « Semblable à un lion avide de sa proie et à un jeune lion tapi dans ses gîtes secrets » (Psaume XVII, verset 12)
    Alors il fallait bien qu'il y ait des gardiens. Ce fut l'Église. Mais comme elle ne pouvait pas être partout, elle a créé l'éducation. Oh! elle a bien tenté de faire interdire l'écriture de Gutenberg, l'imprimerie. Mais quand elle a compris tout ce qu'elle pouvait en retirer... Comme ça, mine de rien, elle peut distinguer le bien du mal (ce qui défend ses intérêts de ce qui défend les intérêts des autres). Mais le concept doit rester flou pour que la frontière soit infranchissable. Alors les murs se sont multipliés dans la tête des populaires. Les curés étaient craints, mais tous bien braves vous savez.
    Ensuite, vint le mariage. "Croissez, multipliez" d'accord, c'est bien joli, très sympathique aussi, mais pas au point de perdre ses biens! Pour ne pas s'appauvrir, l'homme (la femme étant totalement secondaire n'est-ce pas?) a inventé l'inceste, la dépravation de s'accoupler au sein des siens. Comment continuer à s'enrichir si on reste entre soi?

    Je vous l'ai dit, il était devenu intelligent.

    Oui mais comme tout cela est difficile! Compliqué!
    Alors il a inventé d'autres murs, l'homme : celui des corporations de métiers. Pour la justice, les juges et les bourreaux, puis les avocats pour l'hygiène des hyènes, pour la défense des terres la guerre et son cortège militaire, pour les richesses les marchands...
    Bon, il est devenu gestionnaire.
    Mais la terre devenait trop étroite. Et le travail de plus en plus dur et fatiguant.

    "Reprenons les mêmes principes qu'avant" se dit l'homme. Il a inventé les grandes expéditions. Ça fait toujours bien sur un CV ça. "Et à part ça vous avez fait quoi?" "Ben, j'ai découvert les Amériques, puis comme j'avais un peu de temps j'ai trouvé comment faire tenir droit un œuf... Là, je me tâte un peu..."
    D'autres terres, mais les mêmes murs, les mêmes prétextes : "Nous vous apportons dieu et la civilisation, bande de sauvages païens, mais vous devenez nos esclaves!" Bien sûr certains impies se sont rebellés, il y a eu quelques massacres. "Génocides" dit-on aujourd'hui que d'autres spécialistes rhabillent nos mots pour mieux voiler nos mœurs. Ou, en écho à Tacite : «Ils ont converti le monde en un désert, et le nomment ‘Paix». D'ailleurs, n'est-ce pas, le grand, l'abominable Cortès lui-même ne haranguait-il pas la cour du roi d'Espagne en tonnant : "La cause de toutes vos erreurs, Messieurs, c’est que vous ignorez la direction de la civilisation et du monde. Vous croyez que la civilisation et le monde progressent, ils rétrogradent !"

    Et depuis qu'un triste sir, petit homme mais grand empereur, a vendu les États-Unis pour financer sa guerre aux portes de Moscou, juste avant de rentrer faire chier Sainte Hélène, les "colonies" devenues les États-Unis, le grand pays de la liberté (né sur les cadavres du génocide amérindien), nous ont envahi en prétendant nous libérer d'un infâme dictateur moustachu.
    C'est compliqué, c'est compliqué!

    Mais je vais un peu trop vite. Recommençons.

    Avec les grandes expéditions fleurissaient les grandes et belles fleurs de lumière de l'Inquisition. "Mais c'est pour votre bien! Vous viviez heureux, mais sans dieu. Maintenant vous souffrirez mais vous saurez pourquoi!"
    Nouvelle révolution que celle de l'expansion.

    Bon, il y eut bien quelques coliques de l'histoire, Marianne qui fait ses règles sur la Bastille, quelques primitifs qui méritent le bâton ou tous ces vandales qu'il faut bien isoler à Cayenne comme en Australie, parmi d'autres sauvages. Mais toutes ces rebellions, tous ces territoires à conquérir, tous ces gueux à contenir et à bâillonner, c'est épuisant! Surtout que maintenant nos amis de couleur refusent le fouet, alors là!
    Ce fut la révolution technique et technologique.

    Et ce fut un réel progrès, décisif même! «Il a fallu moins de soldats à Gengis Khan pour conquérir toute l’Asie qu’il ne faut de fonctionnaires pour gérer la ville de New York.» (Emanuel Savas)

    Puis ce fut très vite la guerre.
    Pas encore la belle en couleurs avec les agonies en direct servies en dessert à l'heure des repas, non, pas encore, mais quand même. Mondiales, elles étaient les guerres. Et là, ce fut la révolution nucléaire, l'aurore de la nouvelle ère, le soleil qui t'explose dans le jardin sur fond de cadavres irradiés. Mais le vingtième siècle, siècle de l'exil, a vu les guerres germer et faire sur ses pieds. La première, principalement européenne, une boucherie! Mais les photos sont très belles. La seconde a tout de même amené la fin de la colonisation. Tant le Japon que l'Allemagne ont fait se rebeller les colonies. Imaginez le gros Churchill, en plus de batailler contre les boches, il couvait au sein de son empire deux personnages d'une taille gigantesque. Ben oui, le Mahatma Gandhi qui lui a soustrait l'Inde (qui nous revient via Mittal, Tata...) et Lawrence d'Arabie (qui a permis l'éclosion des crises pétrolières en réunissant les tribus arabes).
    Ce fut la révolution planétaire! La libération des peuples opprimés!

    Là dessus Bob Geldof et consorts se souviennent du concert de George Harrison pour le Bangladesh et créent le Live Aid! Succès magistral et imparable (qui a surtout servi à divers dictateurs à acheter des armes ). Souvenons-nous ici, chers amis, du bon mot de Dostoïevski : "On commence par rire de lui, puis on se met soudain à trembler de tout son corps."

    Parce que, faut pas déconner quand même, l'humain est resté un prédateur, même s'il est devenu gestionnaire. Et surtout depuis d'ailleurs. Simplement, il ne le dit pas. Donc on feint de ne pas savoir puisqu'on le voit pas non plus... Mais... Mangeriez-vous encore du mouton ou du poulet, de la biche ou du faisan, si vous deviez le tuer vous même? Laisseriez-vous vos anciens se décrépir dans vos mouroirs si vous deviez aller les visiter tous les jours? Laisseriez-vous...
    Fais pas chier, mec, nous on s'aime! Ce fut la révolution sociale, le grand retour du love & peace, le crépuscule des groupuscules hippies. Je t'aime! Je t'aime!

    Mais bon fait pas chier, t'as la lessive à faire, prendre les poussières, changer les couches du petit dernier, ensuite la vaisselle et puisque t'as rien d'autres à foutre etc etc...
    L'homme est devenu très intelligent.
    Mais l'esclavage continue. Il est livré à domicile, clé en mains avec témoins, officialisé devant monsieur le maire et... monsieur le curé. Ben oui la religion se mouche dans l'histoire, elle est devenue religion d'amour.

    Le mur de Berlin a explosé, quelques frigos se sont remplis. Les filles de l'Est, pas bêtes, pas lestes, ont appris les turpitudes de l'histoire et se sont mises à ressembler "aux nôtres". Parce que, bien sûr, si les territoires s'agrandissent, si les murs sont abattus, qui va protéger mes plates-bandes et mes affaires? «Fermons les frontières!» se dit une Europe qui n'a eu de cesse de se répandre comme la diarrhée sur le monde. Mais le monde est bien vite devenu trop petit, trop étroit. Et nos étrons, et nos villes, et notre goudron... on en fait quoi? Et notre mercure? Et nos déchets radio-actifs? Et nos déchets radios? Parce que, quand même, « Du temps où nous étions sans défense contre les tigres, les perspectives de survie de la race humaine étaient nettement meilleures qu’elles ne le sont aujourd’hui où nous sommes sans défense contre nous-mêmes.» (Arnold Toynbee)

    L'homme a marché sur la lune, drague Vénus et Mars, parlemente à Roswell. De nouvelles grandes expéditions sont prévues. Ce fut la révolution spatiale.

    Mais pour ceux qui restent, les pieds dans la boue, à contempler le spectacle ravissant des aurores boréales en plein Paris? Certes, l'humain a perdu ses racines marines, il a découvert d'autres terres, d'infinies richesses, des puissances phénoménales en Internet et dans le nucléaire. Il a inventé le parcmètre et le sms, les OGM et osé l'alchimie génétique. Mais il meurt toujours du cancer, tremble devant l'afflux des nouvelles maladies après la peste et l'obscurantisme : le HIV, la grippe A H1N1, avant d'autres encore comme la perte du pouvoir de fertilisation de son sperme (mais personne n'en parle, donc ça n'existe pas). Il se comporte comme un suicidé qui se résigne à engloutir son univers dans sa perte. C'est l'hécatombe de l'amour, dans les tribunaux comme dans les peaux. Le pape, incarnat vivant de l'Empereur Palpatine, exorcise l'amour et la chair avec son excommunication de la capote? Capote, calotte, choisis ton camp camarade! Eh oh! On va se calmer, oui!

    L'humaine créature se gave de certitudes... qui n'en finissent pas de s'effriter. Elle a conquis le monde des idées, mais se brûle à tous les soleils des connaissances. Parce que, à la suite de Jack Curtis : «Tout le monde ne se comporte pas comme si la vérité était une maladie vénérienne.»

    Je vous l'avais dit l'homme est très intelligent.
    Ne serait-il pas temps qu'il devienne enfin humain?

      La date/heure actuelle est Jeu 9 Mai - 15:15