Chronique des Mondes Emergents

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Ce siècle est à la barre et je suis son témoin. Victor Hugo [L'Année terrible (1872)]

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    Entre science & patience, émoi et moi

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    Messages : 123
    Date d'inscription : 12/05/2014

    Entre science & patience, émoi et moi Empty Entre science & patience, émoi et moi

    Message par Admin Jeu 12 Juin - 15:41

    L'avenir est au dépouillement,volontaire ou non, à la très grande précarité et à la perte maximale des objets de consommation. Je suis, simple exemple, sidéré par les prix exorbitants des plus banales choses. Et je ne parle pas des gens, bradés eux aussi, de plus en plus nombreux, qui croulent sous les dettes, sont expulsés de chez eux, puis des places, puis des rues, et maintenant dessous les ponts d'autoroute.

    Entre science & patience, émoi et moi Banc_e10

    Tout s'effondre derrière les apparences comme dans des décors de théâtre quand la pièce est finie. Mais le public peine à rentrer chez lui, il attend un second acte, puis un troisième... Et il fait de cette attente le moteur de sa vie, de son existence même. Il devient ainsi le propre spectacle qu'il met lui-même en scène, maudissant l'obscurité, le doigt sur l'interrupteur... Tragique!
    Ne désespérez pas! (Enfin, faites ce que vous voulez) Ce n'est que le superflu qui se désagrège, que l'accessoire qui reprend sa place pour laisser la sienne au plus important: l'humain, pour le pire et pour le meilleur. L'humain n'est pas une icône figée, un concept abstrait, c'est un être en devenir. Et tant mieux s'il n'est pas parfait cela le motive, le fait grandir vers lui-même, et cela il n'est qu'à chacun-e de savoir qui il ou elle est réellement au-delà des fards.S'il y a des guides, il n'y a aucun sauveur. Surtout pas ceux qui se présentent à vous en tant que tel. Et c'est tant mieux.
    Cultive tes amis autant que tes ennemis, les premiers te renforcent, les seconds te forcent à grandir, tous les deux te ramènent à toi, c'est pour cela que tous les deux sont rares.

    L'humain, dans une grande majorité, ressemble à ces enfants en détresse, qui s'abîment dans ces abattoirs qui s'écroulent partout autour d'eux,dessus eux. La pièce est en feu, et ils regardent, espèrent, donc attendent. Qu'on vienne les sauver, un dieu ou un élu, et si on dépouille déjà leurs cadavres, si on détrousse l'humain de l'essentiel, de sa dignité et de ses mots, peu lui chaut tant cet embrasement le fascine. Il attend. Sans savoir que faire. Il pense qu'on pense pour lui, dans son intérêt...
    Mais les portes craquent, les flammes lèchent les murs et les explosent par pans entiers, les fenêtres s'ouvrent, l'appel d'air est insoutenable pour certains trop habitués à l'air conditionné, aux néons et au confinement. Ces explosions les terrifient souvent, partout où ils regardent l'univers s'embrase, les références fondent. Alors ils se réfugient au milieu des flammes en espérant que la prochaine les épargne, puis la prochaine, puis la prochaine...

    Beaucoup, et de plus en plus, quittent leur abri précaire, et veulent vivre, mais se gorgent les poumons d'un air qu'ils ne connaissent pas, et chantent pour conjurer leur peur, se regroupent, s'amalgament, réinventent le vivre ensemble. La fumée les brûle, la lumière du grand dehors les aveugle. Maladroits ils dirigent leurs pas hésitants vers leurs semblables qui, terrifiés tout autant qu'eux, sont un peu plus loin sur le chemin.

    Ils sont libres, mais la liberté leur fait peur si elle ne ressemble pas à l'idée qu'ils s'en font. Ils sont nus et maladroits, se retournent souvent pour rejoindre ce qu'ils ont perdu et qui s'envole en fumée dans des torrents de flammes. Ils s'inventent de nouvelles fêtes pour se rassurer, se donner du cœur à l'ouvrage. Creuser les décombres et la peur pour raviver ce qui se refuse à mourir.
    Les décors flambent encore dans leur tête, ils ne s'en sont pas encore débarrassés, mais ils assurent qu'ils ne sont plus écrasés, cherchent prise au lieu de lâcher prise. Ils sèment et s'aiment. Y travaillent.Le travail! Ils s'en ébrouent comme d'autant de peaux mortes, de ces masques en masse qu'ils massacrent croyant se libérer et ne montrent que leurs plaies béantes. Ils craignent les miroirs qui leur apporteraient des réponses qu'ils fuient, comme fuit l'eau d'un robinet rouillé.

    Est-ce pour cela qu'il faut les condamner, ou les juger? Les jauger à l'aune de nos anciennes valeurs et références? N'y a-t-il vraiment rien à sauver de la terre qu'ils quittent? Ils ont une vie et une terre à conquérir, et pas le temps de se poser les questions qui dérangent, les réflexes qui démangent, les insectes qui s'arrangent et grouillent déjà sur leurs carcasses abandonnées. Leurs carapaces d'illusion fleurissent les fleuves.

    Et moi émoi j'étais l'un d'eux, mais à cette multitude grouillante j'ai préféré la solitude paisible. Je leur souhaite la tolérance envers qui ils étaient et qui leur a permis de devenir l'être qu'ils sont aujourd'hui, magnifique et insoupçonné, la science et la patience, la lucidité, la passion d'être enfin plutôt que d'exister, le frisson de vivre plutôt que de survivre, la confiance et la paix, la joie de voir en l'autre non des différences mais des complémentarités, et dans la haine non la haine mais l'amour déguisé qui refuse de s'exprimer, ou qui trouve ce dernier moyen pour s'exprimer, mais refuse d'abandonner. Je leur souhaite l'ivresse des rencontres et principalement la rencontre avec soi.

    La vie n'attend pas, pas à pas l'avenir se construit. L'humain aussi.


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