Chronique des Mondes Emergents

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Ce siècle est à la barre et je suis son témoin. Victor Hugo [L'Année terrible (1872)]

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    Les idées fausses ça suffit! (sur le travail, le chômage & la retraite en France)

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    Messages : 123
    Date d'inscription : 12/05/2014

    Les idées fausses ça suffit! (sur le travail, le chômage & la retraite en France) Empty Les idées fausses ça suffit! (sur le travail, le chômage & la retraite en France)

    Message par Admin Mer 11 Juin - 10:42

    #France #préjugé #atdquartmonde #mirie #pauvreté #minimasociaux #2014 #précarité #austérité #chômage #travail #retraite #rsa #marchéemploi #offremploi #ComitéOrientationpourlEmploi
    ATD Quart Monde et la MRIE, Mission Régionale d’Information sur l’Exclusion en Rhône-Alpes.
    Les idées fausses ça suffit! (sur la Pauvreté et les minima sociaux en France) https://chroniquemondesemerg.forumgratuit.be/t70-les-idees-fausses-ca-suffit-pauvrete-et-minima-sociaux-en-france#70
    Les idées fausses ça suffit! (sur le logement en France)
    https://chroniquemondesemerg.forumgratuit.be/t72-les-idees-fausses-ca-suffit-sur-le-logement-en-france#72
    Les idées fausses ça suffit! (sur la Sécurité sociale et la santé en France) https://chroniquemondesemerg.forumgratuit.be/t73-les-idees-fausses-ca-suffit-sur-la-securite-sociale-et-la-sante-en-france



    3) Sur le travail, le chômage et la retraite

    Les idées fausses ça suffit! (sur le travail, le chômage & la retraite en France) Salari10
    (Crédit: www.solidar.ch)

    « Les pauvres ne veulent pas travailler. »
    Au contraire, une majorité souhaite travailler, même sans gain financier immédiat !

    Alexis de Tocqueville écrivait en 1835 dans son Mémoire sur le paupérisme  : « L’homme, comme tous les êtres organisés, a une passion naturelle pour l’oisiveté. [...] Toute mesure qui fonde la charité légale sur une base permanente et qui lui donne une forme administrative crée donc une classe oisive et paresseuse, vivant aux dépens de la classe industrielle et travaillante. »

    La variante actuelle de cette formulation est de dire que la protection sociale en France est tellement développée qu’elle crée des « trappes à inactivité », décourage les bénéficiaires de minima sociaux de reprendre un emploi et encourage le « cercle vicieux de l’inactivité. »

    En réalité, les personnes en situation de pauvreté ne sont pas plus paresseuses que les autres, au contraire. Une étude coordonnée par Duncan Gallie en 2000 et citée par Jean Gadrey (http://bit.ly/wYVO4W) montre que 64% des chômeurs interrogés dans huit pays européens déclarent qu’ils veulent retrouver un emploi, même si cela ne leur procure pas un gain financier, alors que seuls 48% des personnes déjà en emploi déclarent vouloir conserver leur travail dans une telle situation.

    L’enquête « L’influence des incitations financières sur le retour à l’emploi des bénéficiaires de minima sociaux » menée en 2009 par la Direction Générale du Trésor montre que la valeur accordée au travail, l’espoir placé en des gains ultérieurs et la volonté d’assurer le meilleur avenir possible à leur famille conduisent la plupart des bénéficiaires à accepter la reprise d’un emploi, même sans gain financier immédiat. Les principaux freins évoqués pour la reprise d’un travail sont le manque d’emplois, de moyens de transport, de formations adaptées1 , de modes de garde accessibles, etc.

    C’est ce que confirme l’étude récente de la MRIE « RSA et pauvreté » : 56% des personnes interrogées ont travaillé au cours des 18 derniers mois ; 77% ont recherché un travail sur cette période et la première réponse sur les difficultés rencontrées pour trouver du travail est l’absence d’offres (53%), la santé (33%), le transport (27%) et la garde d’enfants (15%).

    L’étude Le RSA, innovation ou réforme technocratique ? Premiers enseignements d’une monographie départementale de Bernard Gomel et Dominique Méda (Centre d’études de l’emploi, novembre 2011) montre que ces constats sont bien antérieurs à la création du RSA qui repose pourtant sur le principe unique de l’incitation financière : « En 2002, exploitant les résultats d’une enquête consacrée aux allocataires du RMI, Guillemot, Pétour et Zajdela avaient montré qu’un tiers des allocataires reprenait le travail sans aucun gain financier et avaient mis en évidence que ce qui faisait le plus défaut aux allocataires n’était pas leur manque de désir de travail mais le manque d’emplois disponibles. En 2008, exploitant une enquête également consacrée aux allocataires de minima sociaux, Céline Marc avait indiqué que moins de 1 % des allocataires interrogés signalait la faible incitation financière comme un problème mais alléguait au contraire de multiples autres freins relatifs à la santé, à leur insuffisante qualification, à l’absence de modes d’accueil des jeunes enfants, à l’éloignement des emplois disponibles. »

    Le commentaire

    Prétendre que les personnes en grande précarité ne veulent pas travailler (tout comme prétendre qu’elles réclament des droits mais ne font pas face à leurs devoirs – voir « Les pauvres ont des droits, mais ça va avec des devoirs ») évite aux responsables politiques et économiques de s’interroger sur le cruel manque d’emploi dans notre pays et sur les freins à la reprise d’emploi évoqués un peu plus haut. Faute de quoi, on s’attaque aux personnes : c’est plus facile.

    « Les bénéficiaires du RSA ne font pas d’efforts réels pour chercher du travail. »
    Faux.

    La plupart des bénéficiaires du RSA ont l’obligation de chercher un emploi, sous peine de diminution ou suspension de l’allocation.Mais les préjugés peuvent être forts à l’égard des personnes qui touchent cette allocation, ce qui ne facilite par leur recrutement.

    Par ailleurs, elles sont souvent confrontées à des freins à la reprise d’un travail importants et méconnus (voir « Les pauvres ne veulent pas travailler. »)

    Enfin, de nombreux bénéficiaires du RSA et chercheurs dénoncent le manque crucial d’emplois qui fait que « les personnes sont convoquées le plus souvent avec l’envie très forte d’obtenir un emploi, alors qu’il va leur être proposé d’assister à des informations collectives, de se rendre à des forums, d’intégrer des ateliers, de faire des formations dans le meilleur des cas » (Dominique Méda et Bernard Gomel, Le RSA, innovation ou réforme technocratique ? Premiers enseignements d’une monographie départementale , Centre d’études de l’emploi, novembre 2011)

    « Si on veut vraiment travailler, on trouve. »
    Non, la situation n’est pas si simple.

    Dans l’état actuel du marché de l’emploi (entre trois et cinq millions de chômeurs en France en 2012, selon la catégorie que l’on considère 2 ), tout le monde ne parvient pas à trouver du travail. De plus, certaines personnes restées depuis longtemps sans travail ont besoin d’être particulièrement soutenues pour revenir à l’emploi. Elles rencontrent par ailleurs des freins à la reprise d’un travail qui sont souvent méconnus (voir « Les pauvres ne veulent pas travailler »).

    Malgré l’annonce par des responsables politiques de chiffres (variant parfois du simple au double !) sur le nombre d’offres emplois non pourvues, il n’existe pas de statistique fiable à ce sujet et les chiffres les plus optimistes n’excèdent pas quelques centaines de milliers, soit environ 10 fois moins que le nombre de demandeurs d’emploi. De plus, comme le soulignait en 2011 Marie-Claire Carrère-Gée, présidente du Comité d’Orientation pour l’Emploi, les raisons pour lesquelles les offres ne sont pas pourvues devraient être analysées finement : « On pourrait ainsi faire la part des choses entre les offres qui ne trouvent pas preneurs, celles qui ne peuvent pas trouver preneurs du fait de conditions d’embauche farfelues, et celles qui trouvent preneurs sans que Pôle emploi en soit informé. »





    1 Ce sont les personnes qui ont le plus besoin de formation qui en bénéficient le moins. Un tiers des personnes ayant un diplôme du supérieur déclare avoir suivi au moins une formation au cours des douze derniers mois, alors que ce n’est le cas que d’une personne non diplômée sur dix (« Bilan formation-emploi », novembre 2011, Insee, www.insee.fr/fr/themes/detai…).
    2 Et même davantage, puisque près de 20% des chômeurs ne sont pas inscrits à Pôle Emploi (voir L’Envers de la « fraude sociale », Odenore, page 151).

      La date/heure actuelle est Jeu 28 Mar - 9:37